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RDC: «Ce qui a participé à la souffrance des Congolais doit désormais participer à leur réparation»

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En République démocratique du Congo, les autorités se lancent dans une démarche très ambitieuse : identifier toutes les victimes du « Genocost », c’est-à-dire des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité commis dans le pays depuis 30 ans, et offrir des réparations aux survivants. Par une loi de décembre 2022 a donc été créé le Fonarev, le Fonds national de réparation de toutes ces victimes. Kevin Ngunga Makiedi en est le directeur général. De passage à Paris, il explique à Christophe Boisbouvier comment et en combien de temps le Fonarev espère pouvoir identifier environ 10 millions de personnes.

RFI : Kevin Ngunga Makiedi, vous estimez à 10 millions de personnes le nombre de Congolaises et de Congolais victimes de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité depuis 1993. Dix millions, c'est évidemment un nombre considérable. Comment allez-vous réussir à identifier toutes les victimes qui ont droit à réparation ?

Kevin Ngunga Makiedi : Il y a une méthode qui a été mise en place. Déjà, le législateur a donné au Fonarev, en tant qu'instrument technique, la mission de constituer une base de données fiables, notamment une liste unique consolidée, parce qu'il y a plusieurs listes des victimes. Et ces listes-là doivent être, à un moment donné, croisées et former une liste unique consolidée. Et donc, il est vrai qu'il y a eu le rapport Mapping qui a documenté de 1993 jusqu'en 2003…

C'est un rapport de l'ONU établi en 2010, qui a listé 617 incidents…

Tout à fait : 617 incidents. Mais de 2003 jusqu'à aujourd'hui, il n'y a pas eu de rapports qui soient sortis. Donc, le travail du Fonarev, c'est d'avoir un rapport d'incidents sur lesquels nous avons commencé à travailler. Jusque-là, on a été capable de lister à peu près 2039 incidents.

Dont les 617 du rapport Mapping…

Tout à fait, dont les 617 du rapport Mapping. Donc, ce qui fait que partant de ce travail-là, on a au moins une cartographie des conflits et ça nous permet, lorsque nous faisons notre travail d'identification, de fiabiliser également nos sources. Il ne suffit pas seulement de dire il y a 10 millions de victimes, mais il faut déjà indiquer : Où étaient-elles ? À quel moment ? Comment vivaient-elles ? Et quels sont les préjudices qu'elles avaient subis ? Donc notre mission, ce sera identifier. Est-ce que ça sera forcément les 10 millions de victimes ? Peut-être que ce sera moins, peut-être que ce sera plus. Mais c'est un travail de longue haleine. Nous envisageons de le faire d'ici à peu près trois ans.

Alors ces victimes congolaises, elles ne sont pas simplement dans l'est du Congo, c'est ça qu'il faut dire.

Oui, exactement. Parce que les conflits sont partout. Sur 145 territoires de la République démocratique du Congo, il y a au moins 99 territoires qui ont été concernés par les conflits et depuis 1993 jusqu'à aujourd'hui. Il est vrai qu'il y a une intensification des conflits due à cet appétit vorace de nos voisins pour contrôler les ressources naturelles de la République démocratique du Congo, ce qui fait que la partie Est, est le plus souvent touchée. Et on sait bien évidemment pourquoi et par qui.

Alors la mort de ces millions de personnes depuis bientôt trois décennies, c'est ce que les autorités et la société civile congolaises appellent le « Genocost » : « Geno » pour génocide et « cost » pour coût, c'est-à-dire pour l'exploitation des richesses du Congo. Est-ce que cette démarche mémorielle, ne vise pas aussi à pointer les responsabilités des voisins du Congo, l'Ouganda et le Rwanda ?

Alors donc, il y a forcément des auteurs et effectivement vous les avez si bien cités, et le rapport Mapping et bien d'autres rapports des Nations unies et d'autres États aussi les citent pendant toute cette période-là.

Mais, n'y a-t-il pas aussi beaucoup de gens qui ont été tués lors des violences intercommunautaires en Ituri, au Kasaï-Central, au Mai-Ndombe et au Kongo-Central, des violences où a priori les voisins du Congo n'ont pas grande responsabilité, non ?

Oui, mais le piège dans cette question, c'est très souvent que nos voisins l’utilisent en disant que « ce qui se passe en RDC ne nous concerne pas, c'est un problème des Congolais ». Mais est-ce pour autant occulter la responsabilité des pays étrangers, parce qu'en interne nous avons des problèmes ? Je ne pense pas. Donc, les agresseurs, il faut les condamner, il faut vertement les condamner. Qui sont les tireurs de ficelles de ces conflits communautaires ? Vous verrez que ce sont ces nations étrangères très souvent, qui sont derrière, qui tirent les ficelles.

Alors d'après la loi de décembre 2022, votre fonds Fonarev va être financé notamment par la redevance minière : 11 % des recettes de l'exploitation minière du Congo. Est-ce que vous avez commencé à percevoir cette redevance minière ?

Tout à fait. On a activé en tout cas ces sources de financement qui nous permettent de fonctionner et de mener des actions que nous menons aujourd'hui.

Depuis combien de temps percevez-vous cette redevance ?

En tout cas, depuis le 2 août 2023, que le Fonarev est opérationnel et je pense que c'est autour de novembre 2023. Bon, c'est un procédé assez technique et complexe qu'on ne va pas aborder forcément ici.

Et est-ce qu'il y a déjà des victimes qui ont commencé à percevoir une indemnité ?

Alors, on ne dira pas ça, parce que notre démarche, ça prend en compte les réparations individuelles, mais aussi les réparations collectives. Donc les réparations collectives, ça suppose justement la construction ou la réhabilitation des infrastructures sociales de base qui ont été détruites lors des conflits. Et il y a des réparations symboliques également. Nous avons débuté notamment avec ce qu'on a appelé des mesures provisoires urgentes, notamment dans les camps de déplacés de Kanyaruchinya, c'est ce qu'on a fait. Mais l'objectif principal, c'est d'abord de commencer l'identification. Donc, c'est ça l'objectif.

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RFI : Kevin Ngunga Makiedi, vous estimez à 10 millions de personnes le nombre de Congolaises et de Congolais victimes de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité depuis 1993. Dix millions, c'est évidemment un nombre considérable. Comment allez-vous réussir à identifier toutes les victimes qui ont droit à réparation ?

Kevin Ngunga Makiedi : Il y a une méthode qui a été mise en place. Déjà, le législateur a donné au Fonarev, en tant qu'instrument technique, la mission de constituer une base de données fiables, notamment une liste unique consolidée, parce qu'il y a plusieurs listes des victimes. Et ces listes-là doivent être, à un moment donné, croisées et former une liste unique consolidée. Et donc, il est vrai qu'il y a eu le rapport Mapping qui a documenté de 1993 jusqu'en 2003…

C'est un rapport de l'ONU établi en 2010, qui a listé 617 incidents…

Tout à fait : 617 incidents. Mais de 2003 jusqu'à aujourd'hui, il n'y a pas eu de rapports qui soient sortis. Donc, le travail du Fonarev, c'est d'avoir un rapport d'incidents sur lesquels nous avons commencé à travailler. Jusque-là, on a été capable de lister à peu près 2039 incidents.

Dont les 617 du rapport Mapping…

Tout à fait, dont les 617 du rapport Mapping. Donc, ce qui fait que partant de ce travail-là, on a au moins une cartographie des conflits et ça nous permet, lorsque nous faisons notre travail d'identification, de fiabiliser également nos sources. Il ne suffit pas seulement de dire il y a 10 millions de victimes, mais il faut déjà indiquer : Où étaient-elles ? À quel moment ? Comment vivaient-elles ? Et quels sont les préjudices qu'elles avaient subis ? Donc notre mission, ce sera identifier. Est-ce que ça sera forcément les 10 millions de victimes ? Peut-être que ce sera moins, peut-être que ce sera plus. Mais c'est un travail de longue haleine. Nous envisageons de le faire d'ici à peu près trois ans.

Alors ces victimes congolaises, elles ne sont pas simplement dans l'est du Congo, c'est ça qu'il faut dire.

Oui, exactement. Parce que les conflits sont partout. Sur 145 territoires de la République démocratique du Congo, il y a au moins 99 territoires qui ont été concernés par les conflits et depuis 1993 jusqu'à aujourd'hui. Il est vrai qu'il y a une intensification des conflits due à cet appétit vorace de nos voisins pour contrôler les ressources naturelles de la République démocratique du Congo, ce qui fait que la partie Est, est le plus souvent touchée. Et on sait bien évidemment pourquoi et par qui.

Alors la mort de ces millions de personnes depuis bientôt trois décennies, c'est ce que les autorités et la société civile congolaises appellent le « Genocost » : « Geno » pour génocide et « cost » pour coût, c'est-à-dire pour l'exploitation des richesses du Congo. Est-ce que cette démarche mémorielle, ne vise pas aussi à pointer les responsabilités des voisins du Congo, l'Ouganda et le Rwanda ?

Alors donc, il y a forcément des auteurs et effectivement vous les avez si bien cités, et le rapport Mapping et bien d'autres rapports des Nations unies et d'autres États aussi les citent pendant toute cette période-là.

Mais, n'y a-t-il pas aussi beaucoup de gens qui ont été tués lors des violences intercommunautaires en Ituri, au Kasaï-Central, au Mai-Ndombe et au Kongo-Central, des violences où a priori les voisins du Congo n'ont pas grande responsabilité, non ?

Oui, mais le piège dans cette question, c'est très souvent que nos voisins l’utilisent en disant que « ce qui se passe en RDC ne nous concerne pas, c'est un problème des Congolais ». Mais est-ce pour autant occulter la responsabilité des pays étrangers, parce qu'en interne nous avons des problèmes ? Je ne pense pas. Donc, les agresseurs, il faut les condamner, il faut vertement les condamner. Qui sont les tireurs de ficelles de ces conflits communautaires ? Vous verrez que ce sont ces nations étrangères très souvent, qui sont derrière, qui tirent les ficelles.

Alors d'après la loi de décembre 2022, votre fonds Fonarev va être financé notamment par la redevance minière : 11 % des recettes de l'exploitation minière du Congo. Est-ce que vous avez commencé à percevoir cette redevance minière ?

Tout à fait. On a activé en tout cas ces sources de financement qui nous permettent de fonctionner et de mener des actions que nous menons aujourd'hui.

Depuis combien de temps percevez-vous cette redevance ?

En tout cas, depuis le 2 août 2023, que le Fonarev est opérationnel et je pense que c'est autour de novembre 2023. Bon, c'est un procédé assez technique et complexe qu'on ne va pas aborder forcément ici.

Et est-ce qu'il y a déjà des victimes qui ont commencé à percevoir une indemnité ?

Alors, on ne dira pas ça, parce que notre démarche, ça prend en compte les réparations individuelles, mais aussi les réparations collectives. Donc les réparations collectives, ça suppose justement la construction ou la réhabilitation des infrastructures sociales de base qui ont été détruites lors des conflits. Et il y a des réparations symboliques également. Nous avons débuté notamment avec ce qu'on a appelé des mesures provisoires urgentes, notamment dans les camps de déplacés de Kanyaruchinya, c'est ce qu'on a fait. Mais l'objectif principal, c'est d'abord de commencer l'identification. Donc, c'est ça l'objectif.

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