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Le Festin Nu | The Naked Lunch

11:33
 
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Yann Ritter revient sur ce grand classique de la littérature adapté au cinéma: Le Festin NuBon autant vous dire que pour notre film du jour, il nous faudra à vous comme à moi une bonne dose de recul (… et de LSD accessoirement) pour piger un broc de ce mic mac psychédélique, Le Festin Nu étant ce qu’on peut appeler un gros, un très gros trip multifacette et un objet filmique inattendu…LE ROMAN D'ABORDLe Festin Nu est à l’origine un roman de William Burroughs, qu’il écrivit entre 1954 et 1957 à Tanger sous l’influence de diverses substances hallucinogènes et sous coke (ce qui est en soit un exploit). Le résultat est une œuvre dispersée obscène et informe mais saluée par la critique et le public dès sa publication… en France. Aux Etats-Unis le livre fut interdit pour 10 ans tant il choquait les mœurs par son évocation crue de l’homosexualité.LE FILM ENSUITEPar son manque de cohérence et d’une forme classique le roman fut très vite classé dans la catégorie inadaptable. Mais un homme, qui présentait Burroughs comme une de ses inspirations premières tenta le pari. Cet homme c’est David Cronenberg, qui à l’époque avait déjà réalisé une dizaine films, dont le culte La Mouche et le dérangeant Vidéodrome entre autre, qui avait fait de lui un cinéaste reconnu autant par le public que par la critique.Mais l’adaptation du roman de Burroughs est un défi de taille pour le canadien qui décide d’ajouter aux éléments qu’il prend au roman une évocation de la biographie de son auteur. C’est ainsi que William « Bill » Lee assassine sa femme en jouant à Guillaume Tell de la même manière que Burroughs. De même l’Interzone où Lee pense se trouver dans son délire est une évocation de l’International Zone de Tanger où il écrivit le roman.« Il semble que j'ai enregistré mes impressions sur ce mal et son délire….. le Festin Nu cet instant pétrifié et glacé où chacun peut voir ce qui est piqué au bout de chaque fourchette. »L'HISTOIREAlors ce film, on commence par quoi ? … Ah oui William Lee est un ancien junkie reconverti dans l’extermination de cafards, (jusque-là vous alleZ me dire tout va bien mais …) sa femme lui vole son produit pour se…. l’injecter. Bien décidé à garder son boulot et à aider sa femme, il décide d’aller à la rencontre d’un médecin spécialisé dans ce genre de cas.Vous suivez ? Bon alors on revient en arrière. Bill Lee est arrêté par deux policiers des stups qui le soupçonnent de trafiquer de la poudre, ils le mettent en face d’un cafard géant (oui, oui) qui lui révèle que sa femme est une espionne et qui plus est non humaine et qu’il faut absolument la tuer. Une fois fait il devra se rendre dans un port franc de la cote nord-africaine appelé l’Interzone, où il devra faire son rapport et enquêter sur différents personnages locaux tout en se faisant passer pour homosexuel. Vous ne me croyez pas ? Et pourtant….LE CASTINGPeter Weller, qui refusa de reprendre une troisième fois son rôle fétiche de Robocop pour jouer dans le film de Cronenberg, livre une performance étonnante. Il ralentit sa diction et son jeu pour rentrer dans son personnage constamment surpris et désabusé par son propre délire. Ne comprenant pas toujours où il se trouve et ce qu’il fait parfois touchant d’autre fois franchement déroutant Weller intègre parfaitement les sentiments de ce personnage si atypique.« L'orgasme ne joue aucun rôle dans la vie du drogué. …. le sablier de la came s'est vidé. »EN CONCLUSIONLe Festin Nu est un film singulier et pluriel à la fois. Un trip artistique, organique, sexuel de drogue (bien sûr) et même littéraire, jamais un film n’aura aussi bien compris la démarche de l’écriture et de la pensée littéraire. Un film où le scénario n’est pas la pierre angulaire du concept, tant il est dense, barré et complexe, mais fait partie d’un tout entre le visuel, la performance des acteurs et les plaidoyers en sous-texte.L’art rejoint ici le cinéma tant la mise en scène de Cronenberg est soignée et l’interprétation des comédiens est millimétrée. Weller surprend à chaque scène tant son aura de Robocop est présent dans les esprits, il prouve qu’il est capable de l’exact opposé et montre à tous ceux qui l’ignoraient encore, son talent.Là où Burroughs démarre dès les premières lignes dans le trip de son personnage. Cronenberg lui démarre en présentant ses personnages, William Lee extermine des cafards, à des amis intellectuello-camés et des ennuis avec sa femme et aux boulots, la situation posée, Lee peut peu à peu sombrer …« L’odeur de roussi se rapproche...»Cronenberg est à l’apogée de son talent et de son trip organique. Même Existenz son ultime film de genre n’attendra pas ce niveau, il pose ici comme une sorte de manifeste du cinéma organique tant les créatures, les délires et l’univers sont cohérents et subtils.Rien ne nous est épargné durant le visionnage du Festin Nu, le trip va jusqu’au bout, jusqu'à la dernière scène. L’adaptation du livre est très libre mais tout est là, Burroughs et Cronenberg sont en adéquation totale, personne d’autre que le cinéaste canadien n’aurait pu mieux interpréter les méandres tortueux de l’esprit du romancier. Une réussite totale mais à ne pas mettre en toutes les mains.Yann Ritter
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Yann Ritter revient sur ce grand classique de la littérature adapté au cinéma: Le Festin NuBon autant vous dire que pour notre film du jour, il nous faudra à vous comme à moi une bonne dose de recul (… et de LSD accessoirement) pour piger un broc de ce mic mac psychédélique, Le Festin Nu étant ce qu’on peut appeler un gros, un très gros trip multifacette et un objet filmique inattendu…LE ROMAN D'ABORDLe Festin Nu est à l’origine un roman de William Burroughs, qu’il écrivit entre 1954 et 1957 à Tanger sous l’influence de diverses substances hallucinogènes et sous coke (ce qui est en soit un exploit). Le résultat est une œuvre dispersée obscène et informe mais saluée par la critique et le public dès sa publication… en France. Aux Etats-Unis le livre fut interdit pour 10 ans tant il choquait les mœurs par son évocation crue de l’homosexualité.LE FILM ENSUITEPar son manque de cohérence et d’une forme classique le roman fut très vite classé dans la catégorie inadaptable. Mais un homme, qui présentait Burroughs comme une de ses inspirations premières tenta le pari. Cet homme c’est David Cronenberg, qui à l’époque avait déjà réalisé une dizaine films, dont le culte La Mouche et le dérangeant Vidéodrome entre autre, qui avait fait de lui un cinéaste reconnu autant par le public que par la critique.Mais l’adaptation du roman de Burroughs est un défi de taille pour le canadien qui décide d’ajouter aux éléments qu’il prend au roman une évocation de la biographie de son auteur. C’est ainsi que William « Bill » Lee assassine sa femme en jouant à Guillaume Tell de la même manière que Burroughs. De même l’Interzone où Lee pense se trouver dans son délire est une évocation de l’International Zone de Tanger où il écrivit le roman.« Il semble que j'ai enregistré mes impressions sur ce mal et son délire….. le Festin Nu cet instant pétrifié et glacé où chacun peut voir ce qui est piqué au bout de chaque fourchette. »L'HISTOIREAlors ce film, on commence par quoi ? … Ah oui William Lee est un ancien junkie reconverti dans l’extermination de cafards, (jusque-là vous alleZ me dire tout va bien mais …) sa femme lui vole son produit pour se…. l’injecter. Bien décidé à garder son boulot et à aider sa femme, il décide d’aller à la rencontre d’un médecin spécialisé dans ce genre de cas.Vous suivez ? Bon alors on revient en arrière. Bill Lee est arrêté par deux policiers des stups qui le soupçonnent de trafiquer de la poudre, ils le mettent en face d’un cafard géant (oui, oui) qui lui révèle que sa femme est une espionne et qui plus est non humaine et qu’il faut absolument la tuer. Une fois fait il devra se rendre dans un port franc de la cote nord-africaine appelé l’Interzone, où il devra faire son rapport et enquêter sur différents personnages locaux tout en se faisant passer pour homosexuel. Vous ne me croyez pas ? Et pourtant….LE CASTINGPeter Weller, qui refusa de reprendre une troisième fois son rôle fétiche de Robocop pour jouer dans le film de Cronenberg, livre une performance étonnante. Il ralentit sa diction et son jeu pour rentrer dans son personnage constamment surpris et désabusé par son propre délire. Ne comprenant pas toujours où il se trouve et ce qu’il fait parfois touchant d’autre fois franchement déroutant Weller intègre parfaitement les sentiments de ce personnage si atypique.« L'orgasme ne joue aucun rôle dans la vie du drogué. …. le sablier de la came s'est vidé. »EN CONCLUSIONLe Festin Nu est un film singulier et pluriel à la fois. Un trip artistique, organique, sexuel de drogue (bien sûr) et même littéraire, jamais un film n’aura aussi bien compris la démarche de l’écriture et de la pensée littéraire. Un film où le scénario n’est pas la pierre angulaire du concept, tant il est dense, barré et complexe, mais fait partie d’un tout entre le visuel, la performance des acteurs et les plaidoyers en sous-texte.L’art rejoint ici le cinéma tant la mise en scène de Cronenberg est soignée et l’interprétation des comédiens est millimétrée. Weller surprend à chaque scène tant son aura de Robocop est présent dans les esprits, il prouve qu’il est capable de l’exact opposé et montre à tous ceux qui l’ignoraient encore, son talent.Là où Burroughs démarre dès les premières lignes dans le trip de son personnage. Cronenberg lui démarre en présentant ses personnages, William Lee extermine des cafards, à des amis intellectuello-camés et des ennuis avec sa femme et aux boulots, la situation posée, Lee peut peu à peu sombrer …« L’odeur de roussi se rapproche...»Cronenberg est à l’apogée de son talent et de son trip organique. Même Existenz son ultime film de genre n’attendra pas ce niveau, il pose ici comme une sorte de manifeste du cinéma organique tant les créatures, les délires et l’univers sont cohérents et subtils.Rien ne nous est épargné durant le visionnage du Festin Nu, le trip va jusqu’au bout, jusqu'à la dernière scène. L’adaptation du livre est très libre mais tout est là, Burroughs et Cronenberg sont en adéquation totale, personne d’autre que le cinéaste canadien n’aurait pu mieux interpréter les méandres tortueux de l’esprit du romancier. Une réussite totale mais à ne pas mettre en toutes les mains.Yann Ritter
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